Le Train Fantôme

Une aventure noire qui joue des codes du film d’horreur… pour mieux nous toucher au cœur !

Lina, 8 ans, assiste impuissante aux disputes quotidiennes entre Jonas, son ado de grand frère au style gothique, et leurs parents. Après un ultime affrontement, Jonas claque la porte. Lina part à sa recherche. Elle erre dans l’ancienne fête foraine, où elle sait que son frère se rend souvent. Elle s’approche du Black Magical Express, le vieux train fantôme, appelle Jonas, monte dans un wagon…

Soudain, le train démarre : et derrière elle, des monstres la regardent ! La voilà filant à toute allure dans une folle aventure au pays des morts et des squelettes, où semble avoir disparu son cher frère désespéré. Mais Lina ne se laissera pas faire. Elle retrouvera son Jonas chéri et le ramènera à la vie !

Auteur du texte : Editions Sarbacane

En février 2020, Passion4Transport a eu le plaisir de rencontrer Pierre Vaquez, l’illustrateur du Train Fantôme, un livre pour enfants dès 7 ans, pour explorer ensemble l’univers visuel de cette histoire voyage-aventure…

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Passion4Transport : Peux-tu parler de ton parcours artistique ?

Pierre Vaquez : J’ai longtemps dessiné et puis à un moment j’ai arrêté car je manquais de motivation. Puis il y a à peu près 17 ans je voulais reprendre mon activité artistique mais sans forcément suivre des cours de dessin.  J’ai vu un cours de gravure. Je ne savais pas ce que c’était cette technique. Pour moi, c’était avant tout les illustrations des vieux Jules Verne. Et ça m’intéressait car j’ai toujours aimé les livres. Donc je me suis inscrit à un cours de gravure aux Ateliers Beaux-Arts de la Mairie de Paris.

P4T : Pourquoi as-tu adopté la gravure depuis ?

PV : Ce qui est intéressant dans la gravure, c’est le côté indirect. Le travail que tu fais, ce n’est pas ton image définitive. C’est-à-dire la plaque que tu graves n’est pas l’image que tu imprimes. Il y a un processus après qui fait en sorte que l’image est née de ta plaque mais visuellement ce n’est pas la même chose. L’autre aspect que j’aime beaucoup c’est que tu ne produis pas un dessin ou une œuvre unique mais des multiples.

Si tu imprimes bien tu peux produire des tirages identiques. On peut bien sur jouer sur les différences entre les images tirées, mais ce n’est pas mon cas. Une fois que j’ai travaillé ma plaque, je recherche une impression très régulière, même si ce n’est pas toujours le cas. Inévitablement il y a des petites différences. Oui, je suis très perfectionniste ! J’ai une idée assez précise ce que je veux faire

P4T : La manière noire, pourrais-tu en parler plus ?

PV : Dans mes débuts dans la gravure il y a 17 ans, j’ai pratiqué beaucoup de techniques différentes. Mais très vite, au bout de deux ans, je n’ai plus fait que de la manière noire. Parce que ça me plait – la façon de le travailler et tout dans cette technique, inventée en 1650 environ.

Pour comprendre ce que c’est, imaginez que vous dessinez en blanc sur une feuille noire, au lieu de dessiner avec un crayon noir sur du papier blanc comme on fait généralement. Le fond grené de la plaque, qu’on a longuement préparé, c’est la base, le fond noir. Ce fond qu’on va gratter et repolir la plaque avec certains outils pour faire apparaître le motif, en éclaircissant progressivement. Donc on revient au blanc en travaillant le noir. C’est un travail très long et qui un rendu assez particulier, une signature visuelle très reconnaissable. Le noir reste souvent assez dominant et donne une ambiance assez particulière – qui est très associée à cette technique-là.

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P4T : Cette technique est sûrement très longue à exécuter ?

PV : En total ça m’a pris six mois à temps plein pour créer les illustrations pour Le Train Fantôme. Pour les images les plus grandes, j’ai passé jusqu’à trois semaines dessous, en travaillant entre 5 à 7 jours par semaine. Pour les plus petites, peut-être 2 ou 3 jours. Ça dépendait vraiment de la taille de l’image.  Il faut avoir beaucoup de patience !

P4T : Où travailles-tu ?

PV : En manière noire, le travail de gravure lui-même n’utilise aucun produit chimique, et ne nécessite pas d’équipement particulier. Donc c’est très facile à mettre en œuvre dans un appartement et je peux travailler sur une table de chez moi à Paris.  Ensuite pour l’impression j’ai besoin d’avoir une presse. Soit j’utilise la presse à l’Atelier des Lilas pour le Typographie et l’Estampe [l’est parisien], un atelier associatif dont je suis membre, ou celle dans mon atelier à Paimpol, en Bretagne.

P4T : Le format carré de ce livre, 28 × 30,7 cm, est assez original. Pourquoi ce choix ?

PV : Ça vient des discussions avec l’éditeur [Editions Sarbacane] et l’auteur Didier Lévy. J’aime bien le format carré car ça te permet vraiment de rentrer dans l’image. C’était le même format qu’on a utilisé pour Asperges et Moi. Ça plaisait à l’éditeur aussi car c’est un peu original. Pour les questions de format, de types de papier etc., finalement c’est souvent l’éditeur qui a un rôle déterminant.

P4T : L’idée pour Le Train Fantôme vient d’où ? De qui ?

PV : C’est le deuxième livre qu’on fait ensemble, Didier Lévy et moi. Le premier, qui est sorti en 2017, est Asperges et Moi. J’ai rencontré Didier par l’intermédiaire d’un ami commun, Boll, qui est dessinateur de presse.

Dans les deux cas, c’est Didier qui a écrit les textes.

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P4T : L’aventure de Lina et Jonas se passe où ?

PV : On ne sait pas où c’est situé l’histoire du Train Fantôme. Dans une ville, au bord de la mer, avec une fête foraine abandonnée. On en a parlé avec Didier, on a échangé des références. Dans le train fantôme lui-même, on quitte l’attraction foraine, et même la réalité ordinaire pour basculer dans une sorte d’univers de western gothique…

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P4T : Quels sont tes influences ?

PV : Ah, j’en ai plein ! Le cinéma, le cinéma noir et blanc, et muet, l’expressionnisme, les polars …. Une influence précise qu’on a eu nous deux, moi et Didier c’était le western en noir et blanc Dead Man de Jim Jarmusch [1995]. Car c’est aussi une histoire de morts, d’un personnage à demi-mort qui traverse tout le film … c’est assez fantomatique et bizarre …. Évidemment, l’album est quand même moins sombre et finit mieux. Mais la plupart du temps les influences sont inconscientes…

Si consciemment tu te dis « ça pourrait ressembler à ça » tu essaies de faire autre chose, mais en revanche, toutes tes lectures, les films que tu as vus, les artistes que tu aimes, tout ça te nourrit et resurgit plus ou moins dans ton travail, souvent inconsciemment. Et souvent quelqu’un d’autre va te le signaler. « ah tiens, ça me fait penser à … ».

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P4T : Quels sont tes futurs projets ? Comment suivre ton travail ?

PV : Je prépare une exposition qui aura lieu au Centre Culturel André Malraux, Le Pecq, du 17 mars au 4 avril  [depuis repoussée]. Donc en ce moment je profite du temps pour faire un maximum de gravures personnelles. Vous pouvez me suivre sur Facebook : @pierre.vaquez / Pierre Vaquez – Manières Noires.

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